Journal du voyage APF
Thaïlande-Cambodge
du 14 au 24 octobre 2005
Avec
Line, Jeannine,
Anne, Bibi, Josiane, Ghislaine
Cédric,
Christophe, Denis, Mathieu
Christophe,
Hubert, Jean-Benoît, Pierre
nos guides et
chauffeurs
Thaïlande du Nord / Cambodge du 14 au 24 octobre 2005
A chacun son récit…
Jeudi
13 octobre : Roissy en soirée
Vendredi
14 octobre : Roissy / Bangkok / Chiang Rai
Samedi
15 octobre : Chiang Raï / Chiang Saen, Triangle d’or
Dimanche
16 octobre : Chiang Raï/ Chiang Maï
Mardi
18 octobre : Chiang Maï/ Bangkok / Phnom Penh
Mercredi
19 octobre : Phnom-Penh
Samedi
22 octobre : Encore et toujours Angkor
Dimanche
23 octobre : Siem Reap / Bangkok.
Site photos et journal de ce voyage : http://jbharl.free.fr lien Thaïlande Cambodge
Cédric et Pierre
Mathieu et Anne
Jeannine et Bibi
Line et Ghislaine
Stéphane et
Jean-Benoît
Christophe et
Christophe
Denis et Josiane
Christian et Hubert
Les vacanciers provinciaux et leurs accompagnateurs arrivent en ordre dispersé à l’hôtel B&B de Roissy en France.
Christian et Hubert sont les premiers, suivis de Ghislaine qui part récupérer Denis à la gare de Roissy.
Arrivent ensuite Bernadette et Josiane qui, telles des « guest stars », vont dîner au restaurant d’en face… et partent sans payer !
Résultat : le patron du resto s’est pointé à minuit à l’hôtel et a réveillé Ghislaine pour réclamer son dû… ambiance !
Entre temps Line et Jeannine sont arrivées par avion.
Nuit à l’hôtel et rendez vous pour tous le lendemain.
10 H 50 à l’aéroport de Roissy : retrouvailles pour les uns, prises de contact pour les autres, rappels de souvenirs des aventures communes, enregistrement des bagages et embarquement sur le vol 931 de la compagnie Thaï Airways.
Durée du voyage : 11 H 15. C’est long, très long pour ceux qui n’arrivent pas à dormir… encore que des petits malins ont bu quelques whiskys, du vin et du cognac afin de s’assoupir très vite…
Après quelques collations et trois films qui n’ont pas marqué l’histoire du cinéma, nous atterrissons à Bangkok à 6 H du matin sous une chaleur tropicale qui nous cueille à la manière d’un uppercut !
Transfert à l’aéroport national et vol pour Chiang Raï où nous aurons quelques ennuis avec la douane qui veut nous confisquer nos trois boites de médicaments pour des associations….Nous les récupèrerons quand même le lendemain.
Au fait savez vous que Chiang veut dire « ville » ?
Chiang Raï est donc la ville du roi Raï!
Et puisque nous sommes en Thaïlande quelques rappels de géographie :
- Capitale : Bangkok. Mais cela n’a pas été toujours le cas. A l’époque où la Thaïlande s’appelait encore Siam la capitale était Ayutthaya fondée en 1350, à une centaine de km au nord de Bangkok. Ayutthaya fut détruite par des envahisseurs birmans en 1771, et la capitale actuelle, Bangkok fut fondée en 1782.
- Superficie : comme celle de la France environ : 513 000 km2
- Population : 61 millions d’habitants dont 95% sont bouddhistes
Ce pays est frontalier avec la Birmanie, le Laos, la Malaisie et le Cambodge. Le Nord est montagneux, le centre très fertile et propice à la culture et le Sud bordé des plus belles plages du monde.
Vous savez tout ou presque maintenant sur la Thaïlande……Alors, que les vacances commencent !!!
10h30, nous arrivons enfin, très fatigués mais contents à Chiang Raï, Chiang signifie Ville importante et Raï vient du nom du roi qui l’a fait bâtir, ville datant du treizième siècle et capitale du nord de la Thaïlande.
Nos guides, le jeune et beau Noï et son aîné Kiat, franchement moins beau, nous accueillent et nous dispatchent dans quatre minibus. Nous sommes tristes et déçus d’être déjà séparés. Après quinze minutes de route (cinq minutes thaïlandaises) et le passage d’un poste de garde à l’entrée de l’hôtel, gardes qui se sont mis au « garde à vous » pour nous s’il vous plait, nous sommes reçus au Dusit Island Resort avec un cocktail de bienvenue bien apprécié de tous. Cet hôtel est situé au bord de la rivière Kok, un affluent du Mékong qui, lui-même est long de 4200Km.
Pour notre premier déjeuner thaï, avalé au lance-pierre, le menu se compose de crudités, soupe à l’oignon, steak au poivre accompagné de frites et pour clore ce repas, la cerise sur le gâteau, une magnifique « forêt noire ». « Mer gleubt sich em Elsass ! » (On se croirait en Alsace !) Bref, grosse déception collégiale sauf pour Jeannine qui a fait l’impasse sur ce déjeuner pour se reposer.
13h, départ pour Chiang Sean, la route longe les contreforts de l’Himalaya et traverse une région de culture (riz, teck, mûriers, fruitiers…).
Le nord du pays vit de l’agriculture et le sud vit de l’industrie et du tourisme qui était, avant le Tsunami, la première ressource économique du pays.
A Chiang Sean nous visitons nos premiers « Vat », temples bouddhistes thaï. Dans l’enceinte du Vat Chedi Luang du 14ème siècle, est érigé un Chedi ou Stupa de 28 mètres de haut (demi-sphère dans laquelle auraient été déposées des reliques du Bouddha, installée sur une base carrée coiffée d’une flèche). Lors des fêtes religieuses, les pratiquants doivent en faire trois fois le tour en priant les mains jointes avec fleurs et offrandes.
Dans chaque sanctuaire se trouve un ficus religiosa, arbre sacré, appelé aussi Bodee qui signifie illumination. En Thaïlande, plus de 80% de la population est bouddhiste et on trouve 42000 temples, 25000 bonzes et 15000 bonzesses (Ne pas confondre avec gonzesses comme nous dit Kiat en rigolant).
Après ces visites nous poursuivons la route jusqu’au « Triangle d’or », région tristement célèbre pour son trafic d’opium cultivé dans les trois pays frontaliers, la Birmanie, le Laos et la Thaïlande.
Depuis une terrasse panoramique, nous contemplons une splendide vue sur ces trois pays dont les frontières sont marquées par le Mékong et le Ruak qui s’y jettent à cet endroit. Un groupe d’enfants d’une tribu montagnarde vient en vain nous quémander en chanson, quelques bats en contrepartie d’une photo : « 10 bats la photo messieurs dames s’il vous plait (bis repetita) ». Après une descente musclée depuis cette terrasse, nous nous installons pour la deuxième photo de groupe.
Puis nous rentrons enfin à l’hôtel, épuisés mais heureux, avalons notre premier dîner thaï, vraiment thaï celui-là et plongeons avec délice et abandon dans un sommeil bien mérité.
«la rose du Nord »
Lanna Farm et cours de cuisine
Ode
à Ghislaine
Il est minuit, l’équipe dort après une bien méritée trêve
Les couleurs orange du lever annoncent bientôt un festin
Des ronflements ont accompagné de bien doux rêves
Hubert et Christian se laissent attendre un temps certain
Vers Chiang Maï, nouvelle cité nous sommes enfin partis
Rizières, arbres à Litchis et luxuriance s’offrent à nous
Avant que nous nous essayons à la Balançoire des Esprits
Et que les villageois Hakar de Loang dansent pour nous
Se découvre la villa Lanna Farm après arrêt bibi et … pipi
Décoration sur fruits, préparation d’une vertueuse soupe Thaï
Jardin tropical et dégustation de saveurs sur riz et … pilotis
Quand déjà mouille l’eau parfumée de l’hôtel de Chiang Maï
Un repas royal succède une brève interview belge ; frite alors !
Les acteurs songent à présent à leur nuit et beaucoup préfèrent
Partager un verre autour d’un compte-rendeur lent mais fort
Fort d’être là parmi eux et avec eux pour simplement vivre
(par Christophe et Christophe - alias Krystobal-,
depuis le Kok ou plus profond)
Halte dans un village
Lanna
farm :
Cours de cuisine
et recette de la Soupe au
lait de coco et à la citronnelle "Tom Kha Kha"
Recette de la Soupe au lait de coco et à la citronnelle ou
"Tom Kha Kha"
Ingrédients pour quatre à cinq personnes :
300g de blanc de poulet salé, coupé en lamelles
500g de liquide : 2/3 d’eau + 1/3 de
lait de coco
200g de champignons coupés en lamelles
45ml de sauce de soja + bouillon knorr + sucre
30ml de jus de citron
10g de feuilles de coriandre coupées, 5 fines tranches de Calaca (racine de gingembre), persil, bergamote
2 tiges de racine de citronnelle coupées très finement
4 échalotes en lamelles, 1 tomate coupée en quatre
1 - 2 mini piments coupés en deux, selon
qu’on aime + ou - épicé
en option 1 oignon coupé
Mettre le lait de coco et l’eau dans une
casserole, faire chauffer.
Ajouter le Calaca,
la ciboulette, les échalotes, les piments et les champignons. Faites bouillir.
Attendre 2 à 3 minutes à feu + doux puis ajouter le poulet, tourner.
Ajouter la sauce de soja, le bouillon, la
bergamote les feuilles de persil et la tomate, refaire bouillir.
Ajouter la moitié des feuilles de coriandre coupées en moitié, le jus de citron, le piment coupé, mélanger.
Servir garnie des restes de coriandre et d'oignons en lamelles, en option.
Cette soupe est une des plus connues de
Thaïlande, elle a une consistance crémeuse et un goût délicieusement citronné,
n'est pas trop épicée, selon ce que vous ajoutez. Bon appétit !
Repas et leçon de décoration
Les
éléphants à Mae Taman , le village Lisu,
les ateliers d’artisanat
Nous profitons
pleinement de notre nuit au Sheraton de Chiang
Maï puis nous nous levons de bon matin (6h 30) et
rencontrons Anne qui a trouvé la clim bien fraîche et Christophe qui a commencé
le compte rendu d’hier il y a huit heures et qui est seulement en train de le
terminer…
Se faisant par
ailleurs agresser en tant que seul Belge de la table, il se venge avec cette
histoire sur les Français : Comment font deux Français pour changer une ampoule
dans une caravane ? réponse : le premier
tient l'ampoule et l’autre tourne la caravane.
Pour le petit
déjeuner de belles orchidées sur la table. Le savez vous
? orchidée vient de orchis (en grec) symbole de la
virilité. Après un déjeuner luxueux nous partons en car pour de folles
aventures : les éléphants et le cours de cuisine.
Sur la route des
talismans : épouvantail pour chasser les mauvais esprits. Nous arrivons dans le
district nommé Maemir et apprenons la
réglementation stricte concernant le bois de Teck : quand on veut en
couper il faut demander une autorisation spécifique. Cette loi vise à protéger
une espèce en voie de disparition. Notre guide nous explique également que le
service militaire dure 2 ans et ne concerne que ceux qui, lors de la sélection,
tirent la carte rouge ou ceux qui se font payer pour échanger leur carte avec
un riche malchanceux. Les homosexuels sont dispensés du service.
Nous traversons la
rivière Ping (Mathieu s’en souvient mais cela n’a rien à voir avec le pong !). Toujours créatif Hubert nous propose la
chanson bien connue (de lui surtout) "Dans la forêt on entendait des
éléphants taper des pieds et ça faisait boum boum"
Quelques détails
sur les éléphants de Thaïlande : Ils sont 6000 domestiques plus 2000
sauvages, ils ont un hôpital qui leur est réservé, mangent 150 kg de fruits par
jour, dorment seulement 4 heures et valent environ 300 000 bats. Ils
n’aiment pas la grosse chaleur (ici quand il fait moins de 20 °C les habitants
prennent froid !) et partent à la retraite vers 60 ans.
Arrivés à Mae
Taman et après une petite photo de groupe, nous assistons d’abord au bain
des éléphants avec de puissants jets d’eau arrosant parfois les
spectateurs puis à un spectacle vraiment extra : du foot, du volley, de la
peinture, de la danse et des animations réalisées par une dizaine d’éléphants
sous le regard des cornacs.
Enfin le moment
attendu arrive : nous partons en balade en montant à deux : un
vacancier et un accompagnateur sur chaque éléphant. Heureusement un guide nous
pilote ! Notre éléphant se nomme Frocam et son
maître cornac Adib. Tous les deux ou trois cents mètres
une petite construction permet à des paysans de nous vendre, à hauteur
d’éléphant, des bananes et des tiges de canne à sucre à destination de nos
montures.
Pour Christophe
qui a choisi (pour être calé) de prendre également Ghislaine et Line sur
l’éléphant les à-coups et les descentes deviennent difficiles. Ils font appel à
Pierre qui change d’éléphant en plein vol pour venir les secourir ! Ils
terminent ensemble le tour (d’une heure environ) crispés car tenant à bout de
bras Christophe qui glisse tant qu’il peut (les « chaises » des
éléphants ne sont pas réellement adaptées aux personnes handicapées).
Nous repartons
ensuite et arrivons au village Lisu où vivent
des Chinois animistes depuis 30 ans. Des bonzes viennent depuis Chiang Maï qui est situé à 50 km
pour les convertir au bouddhisme. Ils ont construit un premier petit temple
puis ont commencé un plus grand avec les dons. En attendant de convertir les
95% qui sont encore animistes, ils cultivent des plantes médicinales dans un
beau jardin. En attendant devant le temple, Christian nous fait un joli vol
plané arrière. Le médecin et l'infirmière se précipitent pour prodiguer
quelques soins. Les panneaux indicateurs sont écrits en Birman et en Thai
Nous visitons le petit temple ainsi qu’une
pharmacie et un jardin de plantes médicinales créé et entretenu par des moines.
Nous traversons ensuite celui-ci pour aller voir le Chaman mais il est parti
aux champs et nous ne voyons donc que sa maison.
Les jeunes
préfèrent quitter le village et aller à Chiang Maï pour y trouver du travail, ils se marient vers 18 ans.
Pour cela ils commencent par se cacher dans la forêt pendant que les parents
discutent de la dot.
Enfin, nous nous
dirigeons vers le Lodge où nous sommes accueillis pour un sympathique repas Thaï
accompagné de danses locales comme la Gabotte
et une musique un peu lancinante. Les vacanciers s’endorment un peu dans leurs
fauteuils.
Nous repartons
ensuite pour découvrir des ateliers artisanaux : fabrication de
soie et d’objets laqués. La laque est extraite de l’arbre laquier puis préparée
avec du pétrole et de la craie et passé 7 fois en couches avec une semaine de
séchage entre chaque passage. Enfin l’or en fine feuille est fixé puis
l’ensemble est gravé. Le magasin d’artisanat nous accueille ensuite et nous
permet de repartir avec plein de cadeaux en soie et un portefeuille plus
léger !
Après toutes ces
découvertes, nous sommes conviés à un dîner « kankoke »
avec la symbolique des activités Thaï : la pêche, la culture du riz et la
mythologie avec les dragons et autres animaux de légende.
Enfin nous nous
séparons en trois groupes pour terminer la soirée :
- Les masseurs qui
testent le massage Thaïlandais (Ghislaine, Christophe le médecin, Cédric
et Pierre) ou y assistent (Christophe, Line)
- Les marcheurs
qui vont parcourir l’immense marché de nuit et qui, après quelques
emplettes (carré Hermès, tee-shirt, bouddha) rentrent à l’hôtel après une
négociation de prix habile faite par notre spécialiste Hubert en Tuk-Tuk (Christian, Stéphane,
Mathieu, Anne, Hubert et Jean-Benoît).
- Les fatigués qui
rentrent rapidement à l’hôtel (Denis, Jeannine Josiane et Bibi)
Temples Wat Phra Sing
et Wat Chedi Luang
Pour remédier aux insomnies de Line, Ghislaine lui a appliqué la méthode infaillible du massage Thaïlandais, ce qui fut prétexte à de bons fous rires : pression avec les pieds puis avec les genoux sur les fesses, pression des coudes sur les plantes de pieds, pression des mains sur l’ensemble du corps, torsions, étirements dans tous les sens, cela change de la douceur des mains expertes de son kiné espagnol de Lamalou. Malgré ce traitement de choc, cette nuit fut la première où elle a dormi profondément et d’un seul trait.
Durant le petit déjeuner, chacun raconte sa soirée de la veille. Ghislaine narre les délices du massage Thaï dont elle a profité avec Cédric, Christophe et Pierre. C’était tellement agréable, que Christophe s’est endormi, Cédric a retrouvé ses épaules de 18 ans et Pierre aurait aimé en profiter une heure de plus.
Départ pour la visite des deux temples principaux sur les 350 que compte Chiang Maï.
Le 1er, Prah Sing (Bouddha du Lion) fut construit en 1358. A notre arrivée, de nombreux fidèles allument des bâtons d’encens devant la statue de Bouddha, à l’extérieur du sanctuaire. A l’intérieur du temple principal a lieu la cérémonie de fin de carême. Au fond, les bonzes dans leur habit orange, en face, les fidèles écoutent le sermon du bonze principal qui lit des extraits des paroles du Bouddha ; Christophe et Pierre se mettent en méditation. C’est en effet aujourd’hui la fin des trois mois de carême qui a lieu pendant la saison des pluies afin de prier pour la fertilité de la terre et l’abondance des récoltes. Le site entouré de murailles et d’un canal est constitué de plusieurs sanctuaires dont chacun abrite une statue de Bouddha. On s’arrête longuement devant l’escalier Naja aux couleurs de l’arc en ciel qui doit mener au Nirvana.
Nous reprenons les véhicules pour le temple de Chedi Luang (1401), grande Pagode très abîmée par un tremblement de terre qui a eu lieu en 1654. Cette pagode en briques mesurait 80m de haut, sur une base carrée. 4 escaliers Naja conduisaient au sommet dans des niches qui contenaient des objets précieux, convoités par les voleurs (animistes, dit le guide). Après le tremblement de terre, les escaliers ne furent pas reconstruits (cela évite le vol) et les habitants de Chiang Maï ont refusé par référendum des crédits pour la reconstruction du Chedi.
Pierre, bouddhiste convaincu sacrifie à la cérémonie d’arrosage de la pagode, il arrose au passage Stéphane et Hubert qui flânaient par là.
Sur les trente six éléphants qui décoraient le pourtour de la pagode, seuls huit ont résisté.
Trois statues monumentales trônent au sommet de trois côtés, sur le quatrième, se trouve une reproduction du Bouddha d’émeraude minuscule à côté des autres.
Dépense des derniers bats en cartes postales et babioles diverses. Déjeuner au Sheraton sur-climatisé : au menu, cuisines Thaï, mexicaine, japonaise, italienne.. c’est trop après le petit déjeuner toujours très copieux.
Départ pour l’aéroport ; nous n’avons pas le temps de saluer nos chauffeurs très sympathiques et très efficaces. Nous saluons Kiat et Noï, nos deux guides et sans attendre embarquons pour Phnom-Penh via Bangkok. Atterrissage à Bangkok ; transfert dans un bus via un « monte-fauteuil » et attente d’une demi-heure dans le bus pour monter directement dans l’avion pour Phnom Penh. Pierre en profite pour taper la première partie de notre journée de compte-rendu.
Encore un repas dans l’avion , le 3ème de la journée, et atterrissage à Phnom Penh où nous accueille Vong, notre guide, qui a vécu sous la période de Pol Pot et a vu une partie de sa famille décimée.
Le Cambodge compte aujourd’hui 14 millions d’habitants pour 181 000 km2 et sa capitale Phnom Penh 1,055 million. Vong nous rappelle que les Khmers rouges ont exterminé 1/3 de la population et qu’ils ont vidé la capitale de sa population pendant 4 ans. Ils s’en sont pris en particulier aux intellectuels. Aujourd’hui, bien que son pays soit avec le Laos le plus pauvre (300 $ par habitant et par an) des 10 pays de l’ASEAN, il apprécie la paix retrouvée depuis le 5 avril 1998 (date de la mort de Pol Pot), après 28 ans de guerre civile. Il leur faut maintenant vaincre un deuxième ennemi : la pauvreté.
Phnom Penh signifie la colline de madame Penh, veuve pieuse bouddhiste. Le dernier roi d’Angkor « Yat » avait choisi ce lieu pour capitale en la baptisant « Chattumuk » qui signifie les quatre fleuves. En effet, ici le Tonlé Sap se jette dans le Mékong qui se divise en 2 bras, le Bassac et le Mékong inférieur.
Chattumuk resta peu de temps capitale. Ce n’est qu’en 1866 que le roi Sihanouk grand père de Norodom, bien connu des Français, la choisit de nouveau comme capitale.
Après un copieux petit-déjeuner, nous quittons l’hôtel pour le Palais royal. Vong, notre guide, nous explique les différentes manières de dire bonjour : mains jointes le bout des doigts au menton pour saluer les gens du même âge, pour les personnes plus âgées, les doigts au niveau du nez et les doigts au niveau du front pour saluer le roi et Bouddha.
La traversée du boulevard Norodom nous amène au Palais royal. Le drapeau bleu est hissé (bleu, couleur royale) et signifie que le roi est là. Une riche végétation entoure le palais. On peut y voir l’arbre sacré, un manguier sous lequel Bouddha serait né. A l’intérieur, au milieu de la salle, se trouve le trône du roi, il est utilisé seulement le jour du couronnement. A côté : la résidence du roi. A proximité, nous voyons le pavillon Napoléon III, cadeau de la France en 1876. La visite se termine par la pagode d’argent, c’est le lieu de prière du roi. Elle doit son nom à son sol carrelé d’argent (chaque carreau pèse 1,250 kg). Près de l’autel se dresse un immense Bouddha, 90 kg d’or et 1.086 diamants. A ses pieds, 4 Bouddhas en marbre et, plus loin, le lit royal utilisé seulement le jour du couronnement.
Après le Palais royal, nous marchons jusqu’au musée national. Celui-ci conserve des objets appartenant aux trois périodes : pré-Angkorienne, Angkorienne, post-Angkorienne. Les matériaux utilisés sont : la brique, le grès et la latérite, ainsi que le bois.
Après cette matinée bien chargée, nous allons nous restaurer à l’hôtel. Vers 15h, nous nous dirigeons vers le marché : la rue est un véritable spectacle, une multitude de vélos et mobylettes se faufilent entre les voitures. Ce lieu grouille de monde, Cambodgiens et touristes se croisent.
Immédiatement des odeurs âcres et fortes nous saisissent. Pêle-mêle se côtoient des étalages de fruits et légumes, vêtements, artisanat local. Tout à coup, Ô, surprise : d’énormes mygales séchées côtoient des vers à soie. Chacun fait quelques emplettes : Ghislaine des lunettes, Anne, des chemisiers typiques, Cédric et Christophe un tee-shirt de foot et Line des écharpes en soie.
Nous quittons assez vite le marché pour le bateau « Le Deauville » pour une petite croisière jusqu’au Mékong et nous sommes accueillis par Maurice, un sympathique Marseillais.
Grâce aux muscles de nos accompagnateurs, l’installation à bord est menée à bien.
De-ci de-là, de petits villages de pêcheurs se succèdent le long des berges. Des maisons flottantes ou sur pilotis semblent vétustes. Vong nous donne quelques informations sur le régime des moussons.
Nous finissons la journée dans un restaurant Cambodgien et invitons notre guide à se joindre à nous. Le repas, bien arrosé, met une chaude ambiance dans le bus du retour. Tout le monde pousse la chansonnette, entraîné par Vong qui connaît quelques classiques (« Aux Champs-Elysées », notamment).
école,
centre de santé, temples de Tonlé Bati
et de Ta Prohm
Lever 5h30 ou 6h. Nous quittons Phnom Penh en empruntant la Nationale 2, vers le sud. Vong nous rappelle qu’il y a 84 pagodes dans la ville, 3.400 dans le pays pour 50.000 moines, 80% de la population est bouddhiste. La circulation est dense, il n’existe pas de code de la route, la règle veut que ce soit le plus gros véhicule qui ait tort en cas de conflit. Les Cambodgiens sont plutôt tolérants et respectueux.
Nous traversons un village « Truffaut », spécialisé dans la vente de plantes. Vong pense que c’est bon signe pour le pays car les gens ont maintenant envie de décorer leurs maisons.
Arrêt dans un collège, nous entrons dans une classe de 9è (3è pour la France). Ce sont les Français qui ont développé le système scolaire, le même que chez nous sauf les numéros de classe inversés. L’école n’est pas obligatoire mais on encourage les parents à scolariser leurs enfants car le revenu moyen est très faible. Elle est gratuite, les livres sont fournis par l’Etat et les ONG. Ce collège a 22 classes pour 1076 élèves dont 479 filles qui viennent en cours en alternance le matin (7h-11h) ou l’après midi (13h-17h). Les professeurs suivent donc deux classes. Leur formation dure 6 ans après le bac. Le taux de réussite au brevet : 202 sur 262 l’ont obtenu et poursuivent leurs études au lycée. Dans la classe, nous leur chantons « Frère Jacques » en canon (presque juste !), sous leurs yeux médusés. A leur tour, ils nous récitent l’hymne cambodgien. Séance de photo avec le directeur et quelques élèves, nous leur remettons 11,3 kg de stylos (pesés pour l’aéroport) et quelques trousses de toilette.
Nous enchaînons par la visite du dispensaire, en face du collège. Il fonctionne comme un hôpital de jour et un centre de prévention, avec 11 employés : 1 dentiste, 5 sages-femmes, 1 infirmier et 3 infirmières primaires. Ces dernières perçoivent un salaire d’environ 10 euros/mois, sans les primes, heureusement. Dans la cour les malades, souvent des enfants, sont allongés sous un arbre qui porte leur perfusion. Les Cambodgiens n’ont l’impression d’être soignés que s’ils sont perfusés. Le dispensaire assure environ 70 consultations/jour, la plupart pour des problèmes ORL et pour le suivi des grossesses. 30 à 40% des médicaments qui circulent dans le pays sont faux. Le plus grand fléau vient de l’eau, souvent non potable, qui provoque des maladies infectieuses et le paludisme via les moustiques. Il reste aussi de nombreux cas de tuberculose mais la sous-nutrition et le manque d’hygiène sont aussi causes de maladie. Les consultations sont payantes mais la gratuité des soins peut être acceptée. Line tient à présenter ses félicitations à Sophea (prononcer « Pire » !), né hier et à sa jeune maman, dans une chambre du bâtiment. Bibi et Josiane visitent la pharmacie, effarées de constater qu’ils ne disposent que de sérum physiologique (pour les perfs !). Pendant ce temps, Stéphane abuse du lieu d’aisance et vide ses tripes en compagnie de Christophe et Jean-Benoît.
Après quelques échanges, remise de médicaments, photos, nous rejoignons les temples de Ta-Prohm (12è-13è siècle) et de Tonle-Bati. Ce sont de bons exemples de la forme architecturale des temples d’Angkor, avec enceintes, représentation du mont Méru (paradis), bâtiments pour le logement des moines et stupa (où se trouvent les reliques). Tous les temples sont transformés en temples bouddhiques. Les fauteuils ont un peu de mal à approcher des sculptures et inscriptions en grès, les pierres sont disjointes, les marches irrégulières et il fait très chaud : nous suons tous à grosses gouttes, mouillant parfois les pauvres vacanciers, secoués comme des prunes.
Sur la route du retour vers Phnom Penh, Vong nous raconte l’histoire de son pays et les atrocités subies par son peuple sous le gouvernement de Pol-Pot (Pol : politique- Pot : potentiel). Ce Cambodgien ou Khmer (c’est la même chose) était un excellent professeur d’histoire & géographie, aimé de ses élèves mais il est devenu dictateur communiste, soutenu par la Chine et a causé la mort de 2 à 3 millions de Cambodgiens. Vong nous rappelle les différents événements de la période Pol-Pot, nous invitons nos aimables lecteurs à retrouver les précisions dans leurs livres d’histoire !
Nous retenons surtout que le peuple cambodgien a beaucoup souffert et pendant très longtemps (28 ans). Vong et sa famille ont aussi été déportés, en 1975, dans la région du grand lac pour les travaux forcés. Il nous précise avec beaucoup de pudeur que le paludisme a frappé le village et que des 5.000 habitants il n’en restait plus que 50 en 1998 !
Aujourd’hui, le gouvernement représente une coalition entre royalistes et communistes. Il persiste de gros problèmes de frontières avec le Vietnam mais Vong nous dit qu’il faut conforter la paix et le développement économique et en finir avec les injustices et les atrocités. Le tribunal mixte doit se réunir bientôt et juger le gouvernement de Pol-Pot (mort depuis). Le processus coûtera 55 millions de dollars et l’ONU prévoit que le Cambodge en paye 15. Or le pays est exsangue, les salaires sont misérables et le peuple vit dans la crainte d’une nouvelle guerre civile. C’est un équilibre si fragile que Vong se demande s’il ne vaudrait pas mieux pardonner et regarder devant plutôt que juger et remuer les haines.
Malgré notre fatigue, nous l’écoutons tous avec attention, on n’entend pas un seul moustique !
Après le déjeuner pris à l’hôtel, nous aurons le bonheur de disposer de presque 2h de temps libre avant de rejoindre l’aéroport. Chacun vaque, qui au massage thaï (Denis et Ghislaine), à la « corvée » des cartes postales (Line, Stéphane), au rangement des valises ou à la piscine (Anne toute seule… divin !) Josiane, elle, erre, de chambre en chambre à la recherche de son appareil photo… oublié dans le car !
A 16h, nous traversons Phnom Penh en car, vers le nord : beaucoup de deux-roues, avec ou sans moteur. Une mobylette transporte une vingtaine de volailles vivantes, une femme porte son bébé et sa perfusion. Les trottoirs sont occupés par les petits commerces ou le stationnement des voitures : la notion d’accessibilité semble inconnue. La foule grouille tranquillement.
Nous longeons le quartier résidentiel où de belles et grandes maisons récentes sont la preuve de l’éveil économique, même s’il reste de nombreux bidonvilles, sur pilotis, au-dessus d’un étang à demi asséché. La ville s’étend et se développe vite, les routes sont peu à peu bitumées et la circulation se fait très lentement (rythme bouddhique ?).
A l’aéroport, nous disons adieu à Vong, très ému, et embarquons dans un avion à hélices coloré, non sans mal, grâce aux muscles puissants de nos chers accompagnateurs et de la chaise de transfert. Merci à l’APF de l’avoir glissée dans nos paquets, elle sera d’une folle utilité et nous permet de faire grimper tout le petit monde par l’échelle, sous le regard intéressé d’un personnel local nombreux mais inactif.
1h après, nous atterrissons à Siem-Reap, accueillis par Lhom (prononcer Lorme) notre nouveau guide et Dee (Di), notre chauffeur. Nous embarquons dans le car, d’abord les personnes, puis les fauteuils, pliés, bien calés les uns contre les autres et maintenus par le pied d’un accompagnateur pendant chaque trajet. Arrivés à l’hôtel, nous dînons à l’extérieur et profitons d’un spectacle de danse fort sympathique. Nous regagnons ensuite nos spacieuses et luxueuses chambres pour aller sous la douche puis rejoindre les bras de Morphée.
Certains, comme tous les soirs, auront le courage de prolonger la soirée autour d’un verre pour réfléchir aux paroles d’une future chanson du groupe… la suite : demain !
Prasat
Kravan, Ta Prohm, Preah Khan,
5h Lever des reporters de la journée…
Aujourd’hui c’est l’anniversaire d’Anne, elle commence par se faire remarquer en ne se levant pas. Son cadeau a du être déballé avant l’heure. Bien joué Jean Benoît.
Dans la salle à manger, c’est l’invasion ! Des touristes avides de vieilles pierres comme s’il en pleuvait se battent au coude à coude au buffet pour remplir leurs assiettes.
Dès notre installation dans le bus, notre guide nous informe du programme de la matinée : La première étape s’appelle Prasat Kravan, il s’agit d’un temple dédié à Vishnu le protecteur datant du 10ème siècle (921) mais avant d’y arriver, Lhom, notre guide de 63 ans au sourire charmeur nous demande d’une façon précipitée de sortir notre pass pour Angkor car nous arrivons au check point pour les visiteurs du site sacré.
Il est 8h et nous venons de passer avec succès cette épreuve, merci Vishnou…(personne n’a oublié son pass à l’hôtel)
Après la traversée d’un petit bois, notre bus longe les douves qui entourent le site d’Angkor Vat . Mille cinq cents mètres par mille trois cents… Suryahvaraman II, a l’initiative de ce sanctuaire classé et protégé ; il symbolisa par les douves, l’océan primordial qui marque un des obstacles à l’atteinte du Nirvana. Le long du chemin, nous dépassons une flopée de macaques venus prendre leur petit déjeuner distribué par les touristes et pèlerins de passage. La terre regorgée d’eau témoigne bien de la toute récente fin de la saison des pluies.
Et Lhom reprend ses commentaires intarissables d’éloges sur ce sanctuaire magnifique : trois cents km², plus de trente temples ; magnifique, vraiment formidable…
Il nous explique également que pendant la guerre, les Nations-Unies avaient disposé une signalisation visible du ciel interdisant les bombardements sur les temples qui composent ce sanctuaire. Ne bénéficiant pas d’un tel dispositif, la forêt alentour subit un grand déboisement pendant cette période au cours de laquelle les Khmers (Cambodgiens) rouges (communistes) de l’armée de Pol Pot ( Pol de politique et pot de potentiel) se réfugièrent dans cette région.
Prasat Kravan, nous accueille enfin, temple modeste, restauré par M.Grolier en 1960, composé d’une enceinte et de cinq tours alignées qui symbolisent les cinq sommets du mont Méru (le mont cosmique) sur un axe Nord Sud, avec l’entrée donnant sur l’Est comme la plupart des temples. La particularité de Kravan tient au fait que sa construction est faite de briques et que celles-ci sont stuquées. En effet, les onze sculptures qui ornent cet endroit sont taillées à même la brique. «Exceptionnel !!! » ne manquera pas de dire Lhom.
Dans la tour nord, la sensuelle Lakshmi accueille notre groupe puis dans la tour centrale protégée par deux gardiens Guarapala, nous attend Vishnu, installé sur sa monture Garuda, homme-oiseau. Ce Dieu protecteur, symbole d’Amour et de Paix arbore ses attributs dont la conque qui représente l’océan et le disque Shakra, l’arme puissante qui fait fuir les démons. Lors de la restauration de ce temple, une vitre avait été déposée en haut de cette tour centrale mais des guerriers Khmers rouges ont détruit cette vitre à coup de mitraillettes.
Notre équipe quitte ce temple de briques et arrive à Ta Phrom, temple bouddhique du 9ème siècle, fait de latérite, roche d’argile ferrugineuse dont la carrière se trouve à environ 25 km d’Angkor et de grès, extrait à une quarantaine de kilomètres. A l’époque de sa construction, le site d’Angkor, capitale Khmer comptait environ 12.600 habitants qui résidaient dans des maisons en bois réservées aux dignitaires et aux moines ; les paysans habitaient, eux à l’extérieur de l’enceinte dans des paillotes. C’est au 15ème siècle que la capitale Khmer fut déplacée à Phnom Penh.
Lors de la restauration d’Angkor débutée en 1907, le site de Ta Prohm a été conservé pour l’exemple dans l’état d’abandon et d’invasion végétale dans lequel il avait été découvert en 1860 par Henri Moreau. Afin de protéger les visiteurs, des travaux de stabilisation ont toutefois été décidés et mis en œuvre en 1990 en accord avec le projet Indien-Khmer. Ta Phrom a été bâti à l’initiative du grand souverain Jayavaraman 7 et dédié à l’atteinte de la boddhéité de sa défunte mère. Suite à la mort de ce roi très pieux, ce temple devint hindouiste et fut pillé. Aujourd’hui ce sanctuaire est quasi envahi par de gigantesques arbres, les fromagers, appelés ainsi car leur bois est très spongieux. Impropre à la construction de meubles, ce bois est brûlé dans les cuisines. Le mariage de ces arbres aux racines « serpent », ces mousses, ces lichens et les pierres de ce temple nous invitent à la photo et nous ne résistons pas à cet appel… Clic !!! C’est d’ailleurs dans cet endroit magnifique que furent tournés, « Tomb Raider » avec la Jolie Angelina Jolie et « Les deux frères » de Jean Jacques Annaud.
Le périple de notre matinée prend fin ; nous achevons le petit parcours (16Km), il est midi et demi passé. Cet après-midi, Lhom nous a prévu le grand parcours (24Km), ça promet !
En rentrant à l’Hôtel, Lhom nous commente les multiples constructions que nous apercevons. Mais chut !!! Hubert revendique ces commentaires pour la journée de demain. Nous ne nous battrons pas.
Le climat chaud et humide conjugué aux portages très très fréquents des fauteuils (sol irrégulier) a pour conséquence de tremper les liquettes des accompagnateurs. A chaque étape, l’eau minérale fraîche que nos guide et chauffeur mettent à notre disposition coule à grand flot dans nos gosiers assoiffés. Malgré ces conditions, l’ambiance est bonne.
Dans Siem Reap, Anne « Maman » nous fait remarquer un grand panneau sur lequel le gouvernement appelle à la restitution des armes disséminées encore ça et là par une population toujours inquiète quant à la stabilité à venir.
Une multitude de petites échoppes bancales où grouille la population Khmer souvent vêtue de haillons contraste avec de grands bâtiments récents. Ici un théâtre, puis l’hôpital pédiatrique, les fondations du futur musée Khmer. Mais ce contraste est encore plus saisissant avec les hôtels internationaux pour les riches touristes.
Il est 13h15 lorsque nous arrivons dans la bousculade du buffet de l’hôtel. Après le repas, chacun occupe son heure de détente, piscine, douche… Christophe notre toubib prend lui sa douche sous une pluie de mousson torrentielle au retour d’un shopping pour réapprovisionner le frigo des alcoolos du groupe dont j’avoue avoir été l’instigateur.
15h15 nous repartons après un petit retard imposé par Denis « Time Break » comme nous l’avons surnommé. Un quart d’heure plus tard nous arrivons au Preah Khan, un grand sanctuaire (700m par 1000m) bâti en cinq ans de 1186 à 1191 à la demande de Jayavaraman 7 pour son père. Tout d’abord, site dédié à Bouddha, ce temple devint hindouiste et fut consacré à Shiva au 16ème siècle. Le principe de la succession d’épreuves pour atteindre le cœur de ce temple est ici flagrant et nous prenons conscience à nos dépens de la grande difficulté d’atteindre le Nirvana. Les portes et passages exigus se succèdent sans cesse.
On ne peut plus parler d’humidité concernant nos chemises qui ruissellent abondamment. Chacun du groupe serait à honorer au même titre que le Bouddha suite à ce chemin de croix. Cédric qui aime tant son autonomie et qui dans ce dédale chaotique doit rester dépendant des accompagnateurs, Mathieu qui ne cesse de marcher avec son éternel sourire et son éternelle reconnaissance, Jeannine qui malgré les secousses répétées reste charmante, Line dont le rire-soleil nous met du baume au cœur, Stéphane qui supporte avec le sourire nos étreintes humides sans plainte cela compense la charge monstrueuse de son fauteuil tank, Christophe qui jamais ne manque d’un mot gentil pour nous encourager, Denis qui marche, court, vole et nous fait oublier le sobriquet « time break », Christian qui endure avec courage toute la traversée de ce temple sur ses deux jambes et enfin Ghislaine qui nous exprime sa reconnaissance et nous déclare « accompagnateurs émérites »…
Au bout du compte, à la sortie de Preah Khan, le soleil est couché, Lhom commence à prendre conscience de ce que c’est que d’être guide de notre bande et nous abandonnons la visite du Neak Pean prévue.
Fourbus, éreintés nous faisons une entrée remarquée dans le hall de l’Angkor Century avant de se préparer pour la sortie qui nous attend. Remis sur notre trente et un, nous montons une demi heure plus tard dans le bus qui s’ébranle pour nous apporter au Viroth’s restaurant.
Ce restaurant japanisé est tenu par un français « gai » qui ne l’est plus trop lorsqu’on insiste pour regrouper nos tables… Devant notre empressement, il s’exécute rapidement afin de nous satisfaire. Ce soir nous fêtons comme il se doit l’anniversaire de Maman Anne et de Bibi avec un peu d’avance. La joie est au rendez-vous et la tablée américaine voisine profitera également de notre entrain à toute épreuve.
Très gais (pas de la même façon) et enjoués, nous regagnons l’hôtel pour une nuit bien méritée. Les somnifères ne sont pas nécessaires ce soir pour que Morphée reçoive nos corps meurtris.
Après la dure journée d’hier, nous avons du mal à quitter Morphée lorsque le téléphone nous réveille à 5H45…..
Mais bon, d’après notre guide, le temple d’Angkor Vat c’est l’apothéose de notre voyage !
A noter quand même que c’est lui qui figure sur le drapeau cambodgien. C’est dire !
Effectivement, en arrivant par la porte Est, nous avons une vue magnifique sur ce chef d’œuvre d’architecture.
Angkor Vat est considéré comme le plus vaste édifice religieux du monde.
Il fut construit au XIIème siècle sous le règne du roi Suryavarman II en l’honneur de Vishnou, divinité hindoue à laquelle le souverain s’identifiait !
3 milliards de tonnes de grès ont été nécessaires pour sa construction qui a duré 35 ans !
Et on ne connaît pas le nombre d’ouvriers qui y ont travaillé. Probablement des dizaines de milliers…..tous bénévoles évidemment !
Il n’a jamais été laissé à l’abandon grâce aux moines bouddhistes qui l’ont toujours occupé.
Une allée bordée par une balustrade de Nagas (demi-dieux serpents) mène à l’entrée principale du temple et passe entre deux gracieuses bibliothèques. Quelques marches relativement faciles nous conduisent sur une terrasse cruciforme dite « terrasse royale ». Elle en a vu au cours des siècles des parades religieuses et des danses sacrées cette terrasse …Hélas, l’arrivée de Pol Pot a mis un terme à toutes ces festivités. Les danseuses ont été déportées et sont presque toutes mortes du paludisme… Résultat : il ne reste qu’une seule personne pour enseigner les danses rituelles cambodgiennes… Grâce à elle une école de danse a été créée à Siem Reap.
18 marches plus haut nous arrivons (en sueur car il fait déjà très chaud) au premier niveau.
La tour centrale symbolise le mont Meru, avec ses 5 sommets de la montagne cosmique et ses 5 océans. Une série extraordinaire de bas reliefs s’alignent sur 800m… Nous ne pouvons pas tout voir évidemment. Néanmoins nous pouvons admirer la progression triomphante des armées du roi Suryavarman II. Il est juché sur un éléphant, soigneusement protégé par une quinzaine de parasols (dont le manche était en or…) et entouré d’une légion de serviteurs pour ventiler l’air ambiant !!! Notre guide nous apprend que le roi est marié à 5 reines dont une officielle qui doit lui donner un successeur…C’est elle qui est représentée sous le roi !
Plus loin apparaît une procession de soldats et d’officiers à cheval, parés pour combat.
Leur chef est juché sur un éléphant, également protégé par des parasols (leur nombre est proportionnel au grade !!!!)
Viennent ensuite la parade religieuse avec ses brahmanes et l’armée de mercenaires thaïs (à cette époque alliée avec les forces khmères dans leur conflit contre les Chams).
Encore 38 marches pour atteindre le deuxième niveau ! Il y a déjà beaucoup de touristes que notre guide qualifie « d’invasion japonaise » !!!
Pas de bas reliefs, mais quelques très belles statues d’apsaras, ces nymphes célestes au torse nu et jupe transparente, animées d’un ardent désir amoureux ! Elles sont 1850 dans le temple et préfigurent dit-on ce qui attend le roi au paradis !!!
Nous voulons monter jusqu’au troisième niveau mais les 31 marches inclinées à 72° sont trop dangereuses… Seuls les accompagnateurs tentent l’escalade… et encore… Bibi a le vertige et a dû se faire assister dans la descente !!!
Retour donc au premier niveau pour découvrir d’autres bas reliefs. Cette fois ils illustrent des scènes extraites du Ramayana. Ravana, le démon à 10 têtes a séduit, sous la forme d’un cerf à cornes d’or, Sita la belle épouse de Rama, un roi de l’Inde antique… Ce dernier ivre de rage, va reconquérir son épouse avec une armée de singes.
Retour à l’hôtel, déjeuner et départ pour le Temple Bayon, situé dans la cité fortifiée d’Angkor Thom « la grande ville royale ». On y accède par une chaussée bordée de 54 dieux (à gauche) et de 54 démons (à droite). Nous parcourons à pied une allée de 1,5 km, bercés par le chant des cigales et en compagnie des singes qui attendent des bananes ou du riz gluant !
Le temple Bayon, construit sous le règne de Jayavarman VII (le roi qui se détermina pour le bouddhisme, souvenez-vous…) est difficile d’accès à cause des pierres renversées par la force végétale.
Aussi nous nous contentons des bas reliefs du premier niveau. Un panneau illustre des scènes de la vie quotidienne et des batailles navales où les Khmers (reconnaissables à leurs longues oreilles) infligent une sévère correction aux méchants Chams ! On assiste à la préparation des repas pour célébrer la victoire des Khmers bien sûr, mais également à des combats de cochons ou de coqs qui faisaient l’objet de paris entre Chinois et Khmers !!! On y voit même des femmes vendant du poisson au marché ! Plus loin, les scènes de batailles navales sont d’un réalisme surprenant avec les guerriers tués au combat mangés par les crocodiles ! Et tout cela à côté d’une femme en train d’accoucher !!! Incroyable !
Le temps passe, la nuit va tomber, et tandis que quelques courageux grimpent jusqu’au troisième niveau, les autres se contentent des bas reliefs où le roi, à l’ombre des parasols, est représenté à cheval en compagnie de ses trois femmes et d’une légion de concubines…
Il faut déjà regagner le car et dans notre précipitation nous avons failli oublier Stéphane dans une galerie !!!!
Le soir à l’hôtel, spectacle de danses telles que la danse des souhaits ou la danse de la pêche adressées aux Dieux pour une bonne récolte ou des pluies abondantes. Christian est fatigué car il a bien marché hier et aujourd’hui. Il dîne donc pendant le spectacle et monte se coucher.
Après le dîner nous recevons la visite de Bernadette, responsable de l’équipe locale de l’association CARITAS. Infirmière, Bernadette est arrivée en 79 en Thaïlande pour soigner les réfugiés cambodgiens dans les camps. Depuis 87 elle habite à Siem Reap et travaille avec son équipe (25 locaux payés 100$ par mois, salaire calculé de telle sorte qu’ils ne soient pas obligés d’avoir un 2ème boulot pour vivre) et les dispensaires pour combattre, dans des villages sans eau ni électricité, le sida et la tuberculose. Elle intervient également dans les écoles afin de prévenir les maladies et sensibiliser les plus jeunes. Pour l’aider dans son travail, Ghislaine lui a remis des médicaments, des lunettes de vue pour enfants et adultes, ainsi que des brosses à dents. Nous nous sommes quittés sous une pluie tropicale, mais avec le sentiment d’avoir contribué à un combat contre la pauvreté.
Il est tard, une petite vodka chez les « Christophe » pour les garçons volontaires (ce sont toujours les mêmes) et dodo après une journée bien remplie !
Temple de Banteay Srei, croisière sur le Tonlé Sap
Après notre dernière nuit au Cambodge, nous entamons notre dernier jour par un réveil difficile et matinal suivi d’un solide petit déjeuner. A 7 h tapantes nous quittons Siem Reap pour nous diriger vers le temple de Banteay Srei distant de 35 km. Nous empruntons une portion de route en cours de reconstruction. Les ouvriers hommes, femmes et enfants travaillent à mains nues aidés de quelques machines embourbées.
Les nombreux vélos chargés de noix de coco, de charbon de bois ont bien du mal à circuler.
Cette route n’est sécurisée que depuis 5 ans ; des touristes américains ont en effet été pris en embuscade en 1995 et y ont été tués. Elle était également dangereuse au début du siècle, car ce n’était qu’une piste qui traversait la forêt vierge peuplée d’animaux sauvages, ceux-ci ayant presque totalement disparu suite au déboisement pratiqué par les Khmers rouges.
Pendant le trajet, Lhom nous raconte que, lui aussi, comme tous les Cambodgiens, a été déporté de la ville à la campagne, pour travailler dans les rizières. Il n’a jamais été emprisonné mais ce n’était guère mieux. Selon Lhom, il vivait dans une prison sans mur : il travaillait dur (les hommes, femmes et enfants étaient séparés pour former des équipes de travail), n’avait droit qu’à 2 maigres repas par jour, vivait dans une hutte et était surveillé de près par les Khmers rouges qui voyaient des ennemis de la révolution partout. Une fois par semaine, il devait assister à une réunion d’autocritique. Les déportés mouraient de malnutrition, de paludisme ou étaient tués par les Khmers rouges (2 millions de morts de 1975 à 1979 ). Lhom a d’ailleurs échappé de justesse à la mort. Il nous raconte qu’un jour, il a probablement fait une crise de paludisme et perdu connaissance. Sa femme en revenant du travail l’a trouvé inconscient et l’a d’abord cru mort. Elle a fini par aller chercher l’aide d’une sorte de sorcier qui a commencé par cracher du bétel sur tout le corps de l’homme. Ceci n’ayant aucun effet, il lui a desserré les dents avec une cuillère et lui a versé une mystérieuse décoction de plantes qui a fini par le ramener à la vie au bout de quelques heures. Je pense que tout le groupe était comme Denis et moi très ému par ce témoignage, qui a rendu plus vrais encore les livres lus par certains d’entre nous.
La route se poursuit à travers un magnifique paysage de rizières, ponctués de termitières qui forment un engrais naturel lorsqu’elles se décomposent. Malheureusement, depuis la chute d’Angkor au 15ème siècle, le système d’irrigation n’a plus été entretenu et il n’y plus actuellement qu’une récolte de riz par an contre 3 auparavant.
A notre arrivée au temple, nous constatons l’invasion japonaise que malgré notre départ matinal nous n’aurons pas évitée. Ce temple shivaïste construit en grès rose par un dignitaire brahmane en 967 et appelé à l’époque « Cité de Shiva » est un joyau de l’art Khmer. Il a été découvert en 1914 par un cartographe français. Il était totalement envahi par la forêt et a été restauré en 1936 par un français André Marchal.
Un autre compatriote, plus connu, appelé André Malraux a également fait la renommée de ce temple mais de façon moins élégante. En effet, en 1923 celui-ci y vola des bas-reliefs, fut arrêté à Phnom Penh et condamné par la justice coloniale à la résidence surveillée pour quelques semaines. Et dire qu’il devint ensuite ministre de la culture !!!
Banteay Srei est sûrement le plus beau des temples d’Angkor. Nous sommes néanmoins contents que ce soit le dernier prévu au programme.
Dans le bus, Hubert nous fait découvrir ses talents de compositeur et tente difficilement de nous faire répéter sa chanson. C’est donc dans la bonne humeur que nous arrivons à Tonlé Sap pour une petite croisière d’une heure. Avant d’entreprendre le transfert des vacanciers, Hubert glisse et fait une chute impressionnante, heureusement sans gravité.
Tonlé Sap, lac d’eau douce (de 3000 km2 et de 1 m de profondeur en saison sèche, triple sa surface et a 10 m de profondeur après la mousson. Nous n’apercevons que la cime des palétuviers de la mangrove. C’est le lac le plus poissonneux du monde (10 tonnes/km2), il permet une pêche familiale mais également industrielle.
Le village flottant de 5000 habitants, tous des pêcheurs, est composé de maisons sur radeaux en bambou ou sur bateaux.
Au milieu du lac pendant que notre bateau fait un arrêt des petits Vietnamiens flottant dans des bassines viennent mendier mais se font chasser à coups de bâtons par nos petits accompagnateurs Cambodgiens. La pauvre Line reçoit malencontreusement un coup de bâton, heureusement sans conséquence.
Il est 14h15, lorsque notre bus, nous dépose à l’hôtel pour un nouveau challenge : avaler notre déjeuner, préparer nos valises, écrire nos dernières cartes postales... et tout cela en trois quart d’heure, montre en main. Nous sommes bien rôdés et à 15h tous sont prêts sauf Jeannine et Bibi qui resteront « cool ».
Pour les autres, dernière visite ou derniers achats aux ateliers artisanaux des chantiers écoles. La visite commence par un petit tour à la boutique qui sera finalement, à la grande joie du sous-directeur de l’établissement, « dévalisée » par Christophe !!! Mais lequel ??
Bref, pendant que certains dépensent leurs sous, les autres se cultivent et écoutent sérieusement les explications à propos de la sculpture sur bois ou pierre, de la laque, la polychromie… Le temps nous manque, nous ferons l’impasse sur le marché mais pas sur le bureau de poste, nouvellement bâti dans lequel une équipe d’accompagnateurs motivés lèchent à tours de langues répétés les 70 timbres à ajouter sur les cartes.
Retour à l’hôtel, douches et départ pour l’aéroport en chanson à 17h30.
Arrivés à l’aéroport, une nouveauté nous attend, un douanier zélé nous barre la route et nous oblige à passer les fauteuils aux rayons X, ce qui énervera profondément Stéphane (Ah ces jeunes !!)
Enfin, nous quittons le Cambodge et notre joli chauffeur au grand désespoir de Line et de Jeannine, le cœur lourd et l’espoir de revenir un jour.
Sur le vol du retour, la fatigue et les somnifères solides et liquides plongent notre équipe dans les bras de Morphée. Seule, Ghislaine veille le clavier au bout des doigts pour faire avancer ce compte-rendu.
C’est le moment
de nous quitter Dans la joie et
dans la gaîté Tapez des mains
(Boum, Boum), tapez des pieds (Boum-Boum) Car tous ensemble
on va chanter Il faut rentrer à
la maison Retrouver amis et
parents Nous nous quittons (Boum, Boum), avec l’espoir (Boum, Boum) De bientôt
ensemble se revoir Refrain : Avec son
programme de visites Où l’on voit tous
les plus beaux sites Les vacances les plus
motivantes C’est L’APF
évidemment Lorsque quelqu’un
est en retard Ghislaine le
foudroie du regard Toujours à
l’heure (Boum, Boum), c’est sa devise (Boum, Boum) Car jamais rien
ne s’improvise De la Thaïlande
jusqu’au Cambodge Un cours de cuisine
dans un lodge Des temples
hindous (Boum, Boum), ou bien bouddhistes (Boum, Boum) On en a vu des
coins pas tristes Avec son
programme de visites Où l’on voit tous
les plus beaux sites Les vacances les
plus motivantes C’est L’APF
évidemment
Crédit photos : Denis, Line, Anne et Jean-Benoît Harl
~ fin ~